[HAPPY STORY] #9 Il suffisait d'y penser !

[HAPPY STORY] #9 Il suffisait d'y penser !

08-05-2019

Pour nous suivre :

-Mamie, fais attention s’il te plaît. Si tu n’arrives pas à te contrôler, il va y avoir de la casse. Je ne voudrais pas que tu te fasses mal…L’interface est plus sensible que la précédente. C’est surtout la mise à jour avec la détection automatique de…

-Ecoute, je me débrouille très bien avec mon vieux modèle.                                                                                                     

-Mamie, c’est pour que ce soit plus confortable pour toi. Le tien, il met des heures à se recharger. Celui-là, c’est instantané.

-C’est gentil, tu sais je ne pense pas en avoir besoin. Le mien me convient, je t’assure. Il suffit d’être organisé et ta grand-mère est la championne de l’anticipation !

-Cela me fait quand même plaisir de te l’offrir pour la fête des grand-mères.

-Je comprends. Merci. Pose le là. La fêtes des grand-mères, des belles-mères, des voisines, des copines, les cousines…des soldes éternelles…

-Qu’est-ce que tu dit Mamie dans ta barbe ?

-Non, non rien…

-Tu me promets que tu t’en serviras…c’est surtout lorsque tu es fatiguée. Hein, dis-moi ma super grand-mère. Toi qui a connu l’avant et l’après. A l’école, je me rappelle qu’en histoire, la prof nous expliquait ce qu’il s’était passé. On a vu tellement de vidéos sur Internet ! Si tu n’étais pas là ou Papa et Maman pour me le confirmer, je n’y croirai pas. C’était préhistorique la vie avant ! Comment vous avez pu vivre comme ça ?


Nina se remémorait la première fois. 

Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle devenait sûrement folle.

Aujourd’hui, c’est évident. Comment avait-on pu vivre des milliers d’années dans un aveuglement aussi considérable, mondial sans s’en rendre compte une seconde?


Cela avait tellement perturbé ses parents. Après une vie de labeur, quel choc de découvrir tout ça ! Depuis leurs naissances dans les années 40, ils avaient pourtant connu d’innombrables avancées technologiques. Enfants, à la ferme, ils possédaient si peu mais ne s’en souciaient guère. Ils se contentaient de jouer dehors lorsqu’ils avaient du temps libre. Rarrissime. 

Ils avaient connu les conséquences des conflits mondiaux, la construction de l’Europe pour que cela ne se reproduise plus. Plus jamais. La croissance économique des 30 glorieuses. Ils avaient cru en « cette philosophie de vie » et  n’avaient pas vraiment le temps de penser à autre chose. Travailler si durement pour profiter fièrement de leur pavillon enfin à eux… à la retraite. Puis, se retrouver dans les années 2000 avec leurs petits-enfants sur les genoux et tapoter sur l’écran d’un I-Pad. Désormais, cette génération d’hommes et de femmes, qui avait passé sa vie à travailler, téléchargeait des applications pour écouter de la musique, gérer ses comptes, discuter avec des amis à l’autre bout du monde. Ils partageaient des photos de leurs voyage aussi. Puis leur quotidien sur les réseaux sociaux. 

Même si l’ampleur de tout ce progrès les dépassait, les anciens sentaient bien que tous ces services gratuits ne pouvaient faire qu’accroître les inégalités. Mais pouvaient-ils imaginer ce qu’ils allaient découvrir à la fin de leurs vies ? Toutes leurs croyances n’allaient-elles pas s’écrouler et eux avec.


Avant de devenir une méga régie publicitaire et un centre de recherche pour designer le futur à sa main, Google était un moteur de recherche pour guider l’internaute dans les méandres des innombrables informations sur la toile. Les créateurs eux-mêmes s’attendaient-ils à un tel succès ? Qui pourrait se projeter maintenant dans un quotidien sans connexion sans faire appel à son meilleur ami Google ? Apple, un fabricant d’ordinateurs à la marge pendant des années avait lutté d’arrache pied grâce à son patron charismatique, buté, visionnaire et sacrément couillu pour se faire une place à côté de Microsoft, ses PC et son consensuel patron milliardaire. Facebook, à l’origine un trombinoscope sorti tout droit de la tête d’un jeune frustré boutonneux, avait judicieusement racheté Instagram (parmi tant d’autres sociétés prometteuses) dans le but d’enrayer sa chute suite à de nombreux scandales de fuites de données ou de (tentatives) manipulations d’élections via les réseaux sociaux.  


A l’époque, la crainte pour le grand public était que les données personnelles, les habitudes de consommation, les déplacements, les horaires…soient vendues au plus offrant. Dans la foulée, recevoir des pubs ciblés pour les dernières promos, bouquins, hotels…et réaliser qu’il était si influençable. Les envies, les angoisses, les fantasmes étaient transformés en équation et nourrissaient cet ogre algorithme. Toutes les micro-décisions quotidiennes lui revenaient, déléguées en toute confiance.


Les médias avait fait le job en relayant l’info sur la fabuleuse puissance financière des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Elles profitaient de la naïveté de quelques milliards de clients/utilisateurs pour s’imposer sur ce nouveau business mondial du Big Data grâce à une ressource gratuite. Lorsque le modèle d’une économie mondiale est basé uniquement sur une perpétuelle croissance, quoi de mieux que de connaître les moindres recoins du cerveau humain, un acheteur en puissance si on connaît les zones à stimuler. Il y en 3 principales qui sont contradictoires : désir, logique, peur. Il suffit de savoir leur parler et le tour est joué.   

Quelques rebelles tentaient de résister et contourner les GAFA mais leur influence était telle qu’elles pouvaient rivaliser avec les Etats. Alors cela restait un épiphénomène.


En même temps que le progrès technique (l’Intelligence Artificielle faisait parler de plus en plus d’elle avec les habituels débats sans fin entre les cassandres et les enthousiastes) tout s’accélérait dans l’Univers, notre système solaire et sur la planète bleue. Une prise de conscience planétaire émergeait pour suivre le rythme de la terre qui ne loupait pas la moindre occasion de montrer son mécontentement et sa tristesse. Face à toutes les cicatrices qu’elle voyait apparaître à sa surface du fait de l’activité humaine, elle rugissait ça et là pour passer un ultime message :


- Je n’ai pas besoin de vous mais vous pouvez encore sauver votre espèce. Qu’attendez-vous pour vous occuper l’un de l’autre ? Il y a suffisamment pour nourrir tout le monde. Pourquoi vous obstinez-vous à croire que vous êtes plus fort que le cycle de la vie ?


Les premières images en provenance de Chine et d’ Inde relayées sur les réseaux sociaux s’étaient répandues comme une trainée de poudre dans le monde entier. Evidemment prises pour des fake ou des canulars. Les journalistes de tous les pays, les chaines d’infos en continu, des plus grands scientifiques au plus fanatique des gourous accoururent sur place. Les uns enquêtaient pour découvrir quels tours de magie se cachaient derrière ces personnes qui semblaient détenir un super pouvoir. Aussi dangereux qu’impressionnant. Les autres voulaient en profiter se mettre en avant. C’était une prédiction de longue date et le chaos s'en suivrait !  


Et pourtant, rien ne prédisposait ces hommes, ces femmes, ces enfants avec ce soi-disant don. Des personnes lambda. Rien ne permettait de déceler un quelconque point commun. Surtout qu’elles hésitaient à en parler de peur de passer pour des aliénés.


Tout s’accélérait et personne n'était épargné. La puissance et le pouvoir de l’être humain était enfin révélé au grand jour. L’humanité entière pensait le contraire. Elle s’était auto-programmé et auto-conditionné pour y croire. Des consommateurs asservis au dieu argent, persuadés de devoir mériter ce qu’ils mettaient des années à obtenir. 


Ce que vous désiriez sincèrement au fond de vous, de tout votre coeur apparaissait instantanément. Il suffisait d’y penser. 




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